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MADAME HERMET.

Deux heures plus tard, comme le jeune homme, se sentant mourir, demandait sa mère de nouveau, l’abbé rentra chez elle et la trouva toujours à genoux, pleurant toujours et répétant :

« Je ne veux pas… je ne veux pas… J’ai trop peur… je ne veux pas… »

Il essaya de la décider, de la fortifier, de l’entraîner. Il ne parvint qu’à lui donner une crise de nerfs qui dura longtemps et la fit hurler.

Le médecin, étant revenu vers le soir, fut informé de cette lâcheté, et déclara qu’il l’amènerait, lui, de gré ou de force. Mais après avoir essayé de tous les arguments, comme il la soulevait par la taille pour l’emporter près de son fils, elle saisit la porte et s’y cramponna avec tant de force qu’on ne put l’en arracher. Puis lorsqu’on l’eut lâchée, elle se prosterna aux pieds du médecin, en demandant pardon, en s’accusant d’être une misérable. Et elle criait : « Oh ! il ne va pas mourir, dites-moi qu’il ne va pas mourir, je vous en prie, dites-lui que je l’aime, que je l’adore… »

Le jeune homme agonisait. Se voyant à ses derniers moments, il supplia qu’on décidât