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LA MAIN GAUCHE.

d’une mort qui ne soit point répugnante ni effroyable. »

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Je me mis à rêvasser, laissant ma pensée vagabonder sur ce sujet en des songeries bizarres et mystérieuses.

Je me crus, à un moment, dans une belle ville. C’était Paris ; mais à quelle époque ? J’allais par les rues, regardant les maisons, les théâtres, les établissements publics, et voilà que, sur une place, j’aperçus un grand bâtiment, fort élégant, coquet et joli.

Je fus surpris, car on lisait sur la façade, en lettres d’or : « Œuvre de la mort volontaire ».

Oh ! étrangeté des rêves éveillés où l’esprit s’envole dans un monde irréel et possible ! Rien n’y étonne ; rien n’y choque ; et la fantaisie débridée ne distingue plus le comique et le lugubre.

Je m’approchai de cet édifice, où des valets en culotte courte étaient assis dans un vestibule, devant un vestiaire, comme à l’entrée d’un cercle.

J’entrai pour voir. Un d’eux, se levant, me dit :

— Monsieur désire ?