Page:Maupassant - L’Inutile Beauté, OC, Conard, 1908.djvu/263

Cette page n’a pas encore été corrigée

malade qui se croit guéri et qu’une douleur sourde prévient que le foyer du mal n’est pas éteint.

Puis je revins à Paris. Au bout d’un mois, je m’y ennuyai. C’était à l’automne, et je voulus faire, avant l’hiver, une excursion à travers la Normandie, que je ne connaissais pas.

Je commençai par Rouen, bien entendu, et pendant huit jours j’errai, distrait, ravi, enthousiasmé dans cette ville du Moyen-Âge, dans ce surprenant musée d’extraordinaires monuments gothiques.

Or, un soir, vers quatre heures, comme je m’engageais dans une rue invraisemblable où coule une rivière noire comme de l’encre nommée « Eau de Robec », mon attention, toute fixée sur la physionomie bizarre et antique des maisons, fut détournée tout à coup par la vue d’une série de boutiques de brocanteurs qui se suivaient de porte en porte.

Ah ! ils avaient bien choisi leur endroit, ces sordides trafiquants de vieilleries, dans cette fantastique ruelle, au-dessus de ce cours d’eau sinistre, sous ces toits pointus de tuiles et d’ardoises où grinçaient encore les girouettes du passé !