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agréable à entendre, sans contenir rien de supérieur. La voix en effet était belle, douce, caressante, musicale ; mais j’en avais entendu de plus prenantes, de plus remuantes. On l’écoutait avec plaisir, comme on regarderait couler une jolie source. Aucune tension de pensée n’était nécessaire pour le suivre, aucun sous-entendu ne surexcitait la curiosité, aucune attente ne tenait en éveil l’intérêt. Sa conversation était plutôt reposante et n’allumait point en nous soit un vif désir de répondre et de contredire, soit une approbation ravie.

Il était d’ailleurs aussi facile de lui donner la réplique que de l’écouter. La réponse venait aux lèvres d’elle-même, dès qu’il avait fini de parler, et les phrases allaient vers lui comme si ce qu’il avait dit les faisait sortir de la bouche naturellement.

Une réflexion me frappa bientôt. Je le connaissais depuis un quart d’heure, et il me semblait qu’il était un de mes anciens amis, que tout, de lui, m’était familier depuis longtemps : sa figure, ses gestes, sa voix, ses idées.

Brusquement, après quelques instants de causerie, il me paraissait installé dans mon intimité. Toutes les portes étaient ouvertes