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UN PORTRAIT


Tiens, Milial ! dit quelqu’un près de moi. Je regardai l’homme qu’on désignait, car depuis longtemps j’avais envie de connaître ce Don Juan.

Il n’était plus jeune. Les cheveux gris, d’un gris trouble, ressemblaient un peu à ces bonnets à poil dont se coiffent certains peuples du Nord, et sa barbe fine, assez longue, tombant sur la poitrine, avait aussi des airs de fourrure. Il causait avec une femme, penché vers elle, parlant à voix basse, en la regardant avec un œil doux, plein d’hommages et de caresses.

Je savais sa vie, ou du moins ce qu’on en connaissait. Il avait été aimé follement, plusieurs fois, et des drames avaient eu lieu où