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que la loi nomme un mari - formulait ses observations sur les attentions particulières de sa femme pour un autre homme. C’était tout. Il n’avait rien vu de plus. Il était pareil aux autres… Aux autres !

Puis, comme sa propre femme, à lui, Bondel, avait ri d’une façon bizarre : "Toi aussi,… toi aussi…" Comme elles sont folles et impudentes ces créatures qui peuvent faire entrer de pareils soupçons dans le cœur pour le seul plaisir de braver.

Il remontait leur vie commune, cherchant dans leurs relations anciennes si elle avait jamais paru montrer à quelqu’un plus de confiance et d’abandon qu’à lui-même. Il n’avait jamais suspecté personne, tant il était tranquille, sûr d’elle, confiant.

Mais oui, elle avait eu un ami, un ami intime, qui pendant près d’un an vint dîner chez eux trois fois par semaine, Tancret, ce bon Tancret, ce brave Tancret, que lui, Bondel, aima comme un frère et qu’il continuait à voir en cachette depuis que sa femme s’était fâchée, il ne savait pourquoi, avec cet aimable garçon.

Il s’arrêta, pour réfléchir, regardant le passé avec des yeux inquiets. Puis une révolte