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non pas cousues ensemble mais seulement faufilées, de la fantaisie comme dans un conte de fées, de la gauloiserie, de l’impudeur, de l’impudence, de l’imprévu, du comique, et de l’air, de l’air et du paysage comme dans un voyage en ballon.

On lui posait des questions pour provoquer des réponses trouvées on ne sait où. Celle dont on la harcelait le plus souvent était celle-ci :

"Pourquoi t’appelle-t-on Mouche ? "

Elle découvrait des raisons tellement invraisemblables que nous cessions de nager pour en rire. Elle nous plaisait aussi, comme femme ; et La Tôque, qui ne ramait jamais et qui demeurait tout le long des jours assis à côté d’elle au fauteuil de barre, répondit une fois à la demande ordinaire :

"Pourquoi t’appelle-t-on Mouche ?

— Parce que c’est une petite cantharide. "

Oui, une petite cantharide bourdonnante et enfiévrante, non pas la classique cantharide empoisonneuse, brillante et mantelée, mais une petite cantharide aux ailes rousses qui commençait à troubler étrangement l’équipage entier de la Feuille-à-l’Envers.