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vement deux nouvelles qui m’ont plongé d’abord dans un océan de stupéfaction.

La première est celle-ci :

Un jeune homme, exerçant le métier de commissaire-priseur, mais sentant poindre une vocation d’auteur dramatique, osa collaborer avec deux écrivains de profession, et il se préparait à faire représenter son œuvre quand la Compagnie tout entière des commissaires-priseurs fut soulevée d’indignation !

La salle Drouot frémit. Les marteaux d’ivoire tombaient nerveusement sur le bois des comptoirs où trônent ces princes des défroques parisiennes. Quoi ! un homme qui adjuge journellement des pots fêlés et des meubles de toute espèce laisserait imprimer son nom sur des affiches à côté des noms de deux faiseurs de comédies ! ! Ce serait la honte et le déshonneur pour tous, la déconsidération jetée sur le corps entier. Comment ! un commissaire-priseur veut faire des mots, tourner des phrases, montrer de l’esprit, avoir du succès ! Non, jamais.