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JOUR DE FÊTE


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J’étais parti pour fuir la fête, la fête odieuse et tapageuse, la fête à pétards et drapeaux, qui déchire l’oreille et crève les yeux.

Être seul, tout à fait seul, pendant quelques jours est une des meilleures choses que je sache. N’entendre personne répéter les sottises qu’on sait depuis longtemps, ne voir aucun visage connu dont on pressent les pensées, à la simple expression des yeux, dont on devine les paroles, dont on attend l’esprit plaisant, les réflexions et les opinions, est pour l’âme une sorte de bain frais et calmant, un bain de silence, d’isolement et de repos.

Pourquoi dire où j’allais ? Qu’importe ! je suivais à pied le bord d’une rivière,