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obscur, brillait, comme un point d’or, la lampe du tabernacle. Et je m’assis dans ce repos glacé.

Au-dehors j’entendais, si loin qu’ils semblaient venus d’une autre terre, les détonations des fusées et les clameurs de la multitude. Et je me mis à regarder un immense vitrail qui versait dans le temple endormi un jour épais et violet. Il représentait aussi un peuple, le peuple d’un autre siècle célébrant une fête autrefois, celle d’un saint assurément. Les petits hommes de verre, étrangement vêtus, montaient en procession le long de la grande fenêtre antique. Ils portaient des bannières, une châsse, des croix, des cierges, et leurs bouches ouvertes annonçaient des chants. Quelques-uns dansaient, bras et jambes levés. Donc à toutes les étapes du monde, l’éternelle foule accomplit les mêmes actes. Autrefois on fêtait Dieu, aujourd’hui on fête la République ! Voilà les croyances humaines !

Je songeais à mille choses, à ces choses obscures du fond de la pensée, qui montent à la surface, un jour, on ne sait