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séduit, par un certain charme romanesque, les imaginations naïves. Mais, maintenant que le goût s’épure, il faut rejeter tous ces moyens inférieurs, simplifier et élever cet art qui est l’art de la vie, qui doit être l’histoire de la vie.

Quand on lui parlait des grosses ventes de certains livres du genre séduisant, il disait :

— Les gens qui ont l’esprit commun sont beaucoup plus nombreux que ceux doués d’un esprit délicat. Tout dépend de la classe d’intelligence à laquelle vous vous adressez. Un livre qui plaît à une foule ne nous plaira point à nous le plus souvent. Et, s’il nous plaît en même temps qu’à la foule, soyez sûrs que ce sera pour des raisons absolument opposées.