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chez nous, les hommes condamnés pour ces sortes de délits, mais au violon avec les vagabonds et les voleurs de grand chemin ; puis il fut envoyé en exil par l’empereur Nicolas.

Sa grâce, bien que réclamée par le czarewitch, fut longue à venir. La raison en tient peut-être à ce que, sur la demande de l’héritier impérial, Tourgueneff ayant adressé une lettre au souverain ne se prosterna point à ses pieds sacrés (variante de notre formule : « Votre très humble et très obéissant serviteur. » )

Il revint plus tard dans son pays, mais ne l’habita plus guère. Enfin, le 19 février 1861, l’empereur Alexandre, fils de Nicolas, proclama l’abolition du servage ; et un banquet annuel commémoratif fut institué où assistaient tous ceux qui avaient pris part à ce grand acte politique. Or, dans une de ces réunions, un célèbre homme d’État russe, Milutine, portant un toast à Tourgueneff, lui dit : « Le czar, monsieur, m’a spécialement chargé de vous répéter qu’une des causes qui l’ont le plus décidé à émanciper les serfs est la lecture de vo-