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ses talons cette chienne, toujours suivie d’un régiment de chiens. Donc il fallait s’en défaire. Il ne pouvait la placer ; il ne pouvait la perdre ; la rivière était le seul moyen. Alors il pensa à donner vingt sous à quelqu’un pour accomplir l’exécution. Mais, à cette pensée, un chagrin aigu lui vint ; il réfléchit qu’un autre peut-être la ferait souffrir, la battrait en route, lui rendrait durs les derniers moments, lui laisserait comprendre qu’on voulait la tuer, car elle comprenait tout, cette bête ! — Et il se décida à faire la chose lui-même.

Il ne dormit pas. Dès l’aube, il fut debout, et, s’emparant d’une forte corde, il alla chercher Cocote. Elle se leva lentement, se secoua, étira ses membres et vint fêter son maître.

Alors il s’assit et, la prenant sur ses genoux, la caressa longtemps, l’embrassa sur le museau ; puis, se levant, il dit : « — Viens. » — Et elle remua la queue, comprenant qu’on allait sortir.