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tiai : « Votre frère ?… Un bandit ?… » Le Corse placide eut un éclair de fierté : « Oui, Monsieur, c’était un célèbre, celui-là ; il a mis à bas quatorze gendarmes. Il est mort avec Nicolas Morali, quand ils ont été cernés dans le Niolo, après six jours de lutte, et qu’ils allaient périr de faim. » Il ajouta d’un air résigné : « C’est le pays qui veut ça », du même ton qu’il disait en parlant de sa phtisie : « C’est l’air du val qui est fraîche. »

*

Le lendemain, pour me retenir, on avait organisé une partie de chasse, et une autre le jour suivant. Je courus les ravins avec les souples montagnards qui me racontaient sans cesse des aventures de bandits, de gendarmes égorgés, d’interminables vendettas durant jusqu’à l’extermination d’une race. Et souvent ils ajoutaient, comme mon hôte : « C’est le pays qui veut ça. »

Je restai là quatre jours, et la jeune Corse, un peu trop petite sans doute, mais