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Il appartenait en effet à la race des travailleurs acharnés.


Passant presque toute l’année dans sa propriété de Croisset, qu’il adorait, dès neuf ou dix heures du matin, il se mettait à sa besogne. Aussitôt son déjeuner fini, sans même faire un tour dans son grand jardin, il reprenait son labeur, et, toute la nuit, les mariniers qui descendaient ou remontaient la Seine se servaient de loin, comme d’un phare, des quatre fenêtres de « monsieur Flaubert ».

Il faudrait écrire, pour la faire épeler dans les classes aux petits enfants et l’apprendre par cœur aux aînés, cette vie superbe d’un grand artiste qui ne vécut que pour son art, mourut pour lui, fit taire son cœur, comme il le dit, refoula tout désir, éteignit même toute flamme charnelle. Il méprisa l’argent comme personne, dédaigna d’en gagner, se trouvait souillé par les discussions d’intérêt et, plein d’un mépris violent pour