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Elle demanda :

— Vous avez prévenu ma fille ?

— Mademoiselle est dans la salle à manger.

Ils s’assirent à table, tous les trois. Les volets étaient clos, et deux grands candélabres de six bougies, éclairant le visage d’Annette, lui faisaient une tête poudrée d’or. Bertin, souriant, ne cessait de la regarder.

— Dieu ! qu’elle est jolie en noir ! disait-il.

Et il se tournait vers la comtesse en admirant la fille, comme pour remercier la mère de lui avoir donné ce plaisir.

Lorsqu’ils furent revenus dans le salon, la lune s’était levée sur les arbres du parc. Leur masse sombre avait l’air d’une grande île, et la campagne au delà semblait une mer cachée sous la petite brume qui flottait au ras des plaines.

— Oh ! maman, allons nous promener, dit Annette.

La comtesse y consentit.

— Je prends Julio.

— Oui, si tu veux.

Ils sortirent. La jeune fille marchait devant en s’amusant avec le chien. Lorsqu’ils longèrent la pelouse, ils entendirent le souffle des vaches qui, réveillées et sentant leur ennemi, levaient la tête pour regarder. Sous les arbres, plus loin, la lune effilait entre les branches une pluie de rayons fins