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Certes le mouvement le plus accusé de l’opinion, depuis quatre ou cinq ans surtout, est une sorte d’envahissement, jusqu’au peuple, de scepticisme et de mépris intellectuel pour les représentants du pouvoir.

Entrez dans les petits restaurants de Paris, ceux où mangent les travailleurs. Les gens causent, rient et se moquent de leurs élus, parlant d’eux comme ils feraient de bonnes ganaches amusantes pour la foule.

Les cochers de fiacre, devant le kiosque de la station, à côté du sergent de ville qui pointe leurs numéros, plaisantent agréablement les représentants du peuple.

Dans un salon, plein d’hommes connus, d’artistes et de mondains, quand on voit entrer quelque monsieur ignoré et qu’on demande : « Quel est celui-là ? » si on vous répond : « C’est X… un député… » une vague pitié vous prend pour ce pauvre homme.