Page:Maupassant - Contes du jour et de la nuit 1885.djvu/82

Cette page a été validée par deux contributeurs.

très chic en cette saison-ci. Pour dix francs tu auras deux ou trois roses magnifiques.

Elle n’était point convaincue.

— Non… il n’y a rien de plus humiliant que d’avoir l’air pauvre au milieu de femmes riches.

Mais son mari s’écria :

— Que tu es bête ! Va trouver ton amie Mme Forestier et demande-lui de te prêter des bijoux. Tu es bien assez liée avec elle pour faire cela.

Elle poussa un cri de joie.

— C’est vrai. Je n’y avais point pensé.

Le lendemain, elle se rendit chez son amie et lui conta sa détresse.

Mme Forestier alla vers son armoire à glace, prit un large coffret, l’apporta, l’ouvrit, et dit à Mme Loisel :

— Choisis, ma chère.

Elle vit d’abord des bracelets, puis un collier de perles, puis une croix vénitienne, or et pierreries, d’un admirable travail. Elle essayait les parures devant la glace, hésitait, ne pou-