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Et un rire retentissant éclata. Alors un vieux noble déclassé, tombé dans l’alcool, M. de Varnetot, éleva la voix.

— C’est moi qui ai eu jadis une drôle d’histoire avec une fillette comme ça ! Tenez, il faut que je vous la raconte. Toutes les fois que j’y pense, ça me rappelle Mirza, ma chienne, que j’avais vendue au comte d’Haussonnel et qui revenait tous les jours, dès qu’on la lâchait, tant elle ne pouvait me quitter. À la fin je m’suis fâché et j’ai prié l’comte de la tenir à la chaîne. Savez-vous c’qu’elle a fait c’te bête ? Elle est morte de chagrin.

Mais, pour en revenir à ma bonne, v’là l’histoire :

— J’avais alors vingt-cinq ans et je vivais en garçon, dans mon château de Villebon. Vous savez, quand on est jeune, et qu’on a des rentes, et qu’on s’embête tous les soirs après dîner, on a l’œil de tous les côtés.

Bientôt je découvris une jeunesse qui était en service chez Déboultot, de Cauville.