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gue par flatterie, pour indiquer qu’il trouvait ça fameux. Et Saint-Antoine lui criait dans le nez : « Hein ? En v’là d’la fine. T’en bois pas comme ça chez toi, mon cochon. »


Dès lors, le père Antoine ne sortit plus sans son Prussien. Il avait trouvé là son affaire, c’était sa vengeance à lui, sa vengeance de gros malin. Et tout le pays, qui crevait de peur, riait à se tordre derrière le dos des vainqueurs de la farce de Saint-Antoine. Vraiment, dans la plaisanterie il n’avait pas son pareil. Il n’y avait que lui pour inventer des choses comme ça. Cré coquin, va !

Il s’en allait chez les voisins, tous les jours après midi, bras dessus bras dessous avec son Allemand qu’il présentait d’un air gai en lui tapant sur l’épaule : « — Tenez, v’là mon cochon, r’gardez-moi s’il engraisse c’t’animal-là. »