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LE BÛCHER.

Ainsi, tout est fini tout de suite. L’homme hâte l’œuvre lente de la nature, au lieu de la retarder encore par le hideux cercueil où l’on se décompose pendant des mois. La chair est morte, l’esprit a fui. Le feu qui purifie disperse en quelques heures ce qui fut un être ; il le jette au vent, il en fait de l’air et de la cendre, et non point de la pourriture infâme.

Cela est propre et sain. La putréfaction sous terre, dans cette boîte close où le corps devient bouillie, une bouillie noire et puante, a quelque chose de répugnant et d’atroce. Le cercueil qui descend dans ce trou fangeux serre le cœur d’angoisse ; mais le bûcher qui flambe sous le ciel a quelque chose de grand, de beau et de solennel.


Le Bûcher a paru dans le Figaro du dimanche 7 septembre 1884.