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moiron

de temps en temps en des circonstances pareilles.

Je suivis donc l’ecclésiastique qui me fit monter dans un petit logis misérable, sous le toit d’une haute maison ouvrière.

Là, je trouvai, sur une paillasse, un étrange agonisant, assis, le dos au mur, pour respirer.

C’était une sorte de squelette grimaçant, avec des yeux profonds et brillants.

Dès qu’il me vit, il murmura :

– Vous ne me reconnaissez pas ?

– Non.

– Je suis Moiron.

J’eus un frisson, et je demandai :

– L’instituteur ?

– Oui.

– Comment êtes-vous ici ?

– Ce serait trop long. Je n’ai pas le temps… J’allais mourir… on m’a amené ce curé-là… et comme je vous savais ici je vous ai envoyé chercher… C’est à vous que je veux me confesser… puisque vous m’avez sauvé la vie… autrefois.

Il serrait de ses mains crispées la paille de sa paillasse à travers la toile. Et il reprit d’une voix rauque, énergique et basse :