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goutte d’eau. Elle répétait, la vieille : « Il n’y vient pas un chou, monsieur, pas un chou ! » s’obstinant à cette idée de chou. Ce légume, évidemment, représentait pour elle le bonheur terrestre. Et quand elle m’eut dit toute sa peine, elle s’assit sur une pierre, et pleura.

Et je n’ai rien vu de plus navrant que cette bonne femme d’Alsace perdue sur ce sol de feu où il ne pousse pas un chou.

En me quittant, elle ajouta : « Savez-vous si on donnera des terres en Tunisie ? On dit que c’est bon par-là ; ça vaudra toujours mieux qu’ici. »

N’est-ce pas à ces gens-là, messieurs les députés, qu’il faudrait accorder une indemnité ?



Quel enseignement pour les romanciers que ce fameux drame du Pecq !