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La publication de ce document intime m’a blessé jusqu’au cœur. Mais je me disais que j’apportais là, sans doute, une délicatesse exagérée. Puis voilà qu’à mesure que je revois les amis du mort, je les trouve frappés de stupeur par le procédé assurément irréfléchi de M. Maxime Du Camp. Ce n’est pas tout ; même des indifférents, comme M. Louis Ulbach, dans la Revue politique ont protesté durement, mais non sans raison, contre cette révélation. D’autres ont suivi. Puis j’ai reçu des lettres, beaucoup de lettres, de gens qui ont aimé l’illustre romancier disparu. Une d’elles m’a ému. Elle venait d’une femme que je n’ai jamais vue et qui n’a point connu mon cher et pauvre maître. Admiratrice passionnée de son œuvre, froissée dans son instinctive et vibrante sensibilité de femme, elle m’a écrit vingt lignes adorables, qui m’ont fait songer à ces amis ignorés dont Flaubert lui-même parlait souvent.