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Leurs amis riaient. On ne comprenait point encore l’inestimable valeur des artistes de cette époque ; mais ils ne s’inquiétaient guère des moqueries, car ils sentaient qu’ils achetaient du Beau et ils en achetaient sans repos et sans marchander.

Et il arrivait que parfois, leur fortune étant modeste, ils se trouvaient couverts de dettes. Alors, ne pouvant résister au désir de la trouvaille, ils disparaissaient, ils allaient s’enfermer dans quelque auberge de campagne, seuls tous deux, amassant de l’argent sou par sou, et du savoir heure par heure, car ils étudiaient sans relâche leur dix-huitième siècle bien-aimé, ils y pénétraient davantage chaque jour, le fouillaient, le parcouraient jusque dans les petits détails de la toilette et des coutumes. Bientôt ils le