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Georges ne l’écoutait plus. Il cherchait Suzanne qui venait de disparaître avec le marquis de Cazolles, et quittant brusquement Norbert de Varenne, il se mit à la poursuite de la jeune fille.

Une cohue épaisse qui voulait boire l’arrêta. Comme il l’avait enfin franchie, il se trouva nez à nez avec le ménage de Marelle.

Il voyait toujours la femme ; mais il n’avait pas rencontré depuis longtemps le mari, qui lui saisit les deux mains :

— Que je vous remercie, mon cher, du conseil que vous m’avez fait donner par Clotilde. J’ai gagné près de cent mille francs avec l’emprunt marocain. C’est à vous que je les dois. On peut dire que vous êtes un ami précieux.

Des hommes se retournaient pour regarder cette brunette élégante et jolie. Du Roy répondit :

— En échange de ce service, mon cher, je prends votre femme, ou plutôt je lui offre mon bras. Il faut toujours séparer les époux.

M. de Marelle s’inclina :

— C’est juste. Si je vous perds, nous nous retrouverons ici dans une heure.

— Parfaitement.

Et les deux jeunes gens s’enfoncèrent dans la foule, suivis par le mari. Clotilde répétait :