Page:Maupassant - Bel-Ami, OC, Conard, 1910.djvu/456

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il dit tout à coup :

— Il va falloir que je te quitte parce qu’on m’attend à la Chambre pour la fin de la séance. Je ne puis manquer aujourd’hui.

Elle soupira :

— Oh ! déjà.

Puis, résignée :

— Va, mon chéri, mais tu viendras dîner demain.

Et, brusquement, elle s’écarta. Ce fut sur sa tête une douleur courte et vive comme si on lui eût piqué la peau avec des aiguilles. Son cœur battait ; elle était contente d’avoir souffert un peu par lui.

— Adieu ! dit-elle.

Il la prit dans ses bras avec un sourire compatissant et lui baisa les yeux froidement.

Mais elle, affolée par ce contact, murmura encore une fois : « Déjà ! » Et son regard suppliant montrait la chambre dont la porte était ouverte.

Il l’éloigna de lui, et d’un ton pressé :

— Il faut que je me sauve, je vais arriver en retard.

Alors elle lui tendit ses lèvres qu’il effleura à peine, et lui ayant donné son ombrelle qu’elle oubliait, il reprit :

— Allons, allons, dépêchons-nous, il est plus de trois heures.