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Quand Du Roy, après le départ du ministre, demeurait seul en face de Madeleine, il s’emportait, avec des menaces dans la voix et des insinuations perfides dans les paroles, contre les allures de ce médiocre parvenu.

Mais elle haussait les épaules avec mépris, répétant :

— Fais-en autant que lui, toi. Deviens ministre ; et tu pourras faire ta tête. Jusque-là, tais-toi.

Il frisait sa moustache en la regardant de côté.

— On ne sait pas de quoi je suis capable, disait-il, on l’apprendra peut-être, un jour.

Elle répondait avec philosophie :

— Qui vivra, verra.

Le matin de la rentrée des Chambres, la jeune femme, encore au lit, faisait mille recommandations à son mari, qui s’habillait afin d’aller déjeuner chez M. Laroche-Mathieu et de recevoir ses instructions avant la séance, pour l’article politique du lendemain dans la Vie Française, cet article devant être une sorte de déclaration officieuse des projets réels du cabinet.

Madeleine disait :

— Surtout n’oublie pas de lui demander si le général Belloncle est envoyé à Oran,