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On avait lu dans les journaux de toutes les nuances, depuis trois semaines :

« Notre éminent confrère Jacques Rival vient d’avoir l’idée aussi ingénieuse que généreuse d’organiser, au profit des orphelins du sixième arrondissement de Paris, un grand assaut dans sa jolie salle d’armes attenant à son appartement de garçon.

« Les invitations sont faites par Mmes  Laloigne, Remontel, Rissolin, femmes des sénateurs de ce nom, et par Mmes  Laroche-Mathieu, Percerol, Firmin, femmes des députés bien connus. Une simple quête aura lieu pendant l’entr’acte de l’assaut, et le montant sera versé immédiatement entre les mains du maire du sixième arrondissement ou de son représentant. »

C’était une réclame monstre que le journaliste adroit avait imaginée à son profit.

Jacques Rival recevait les arrivants à l’entrée de son logis où un buffet avait été installé, les frais devant être prélevés sur la recette.

Puis il indiquait, d’un geste aimable, le petit escalier par où on descendait dans la cave, où il avait installé la salle d’armes et le tir ; et il disait :

— Au-dessous, mesdames, au-dessous. L’assaut a lieu en des appartements souterrains.