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serra le cœur. Pourquoi ? Elle ne comprenait pas. Mais il lui semblait qu’elle était perdue, noyée, entourée de périls, abandonnée de tous, seule, seule au monde, sous cette voûte vivante qui frémissait là-haut.

Elle murmura :

— J’ai un peu peur. Je voudrais retourner.

— Eh bien, revenons.

— Et… nous repartirons pour Paris demain ?

— Oui, demain.

— Demain matin.

— Demain matin, si tu veux.

Ils rentrèrent. Les vieux étaient couchés.

Elle dormit mal, réveillée sans cesse par tous les bruits nouveaux pour elle de la campagne, les cris des chouettes, le grognement d’un porc enfermé dans une hutte contre le mur, et le chant d’un coq qui claironna dès minuit.

Elle fut levée et prête à partir aux premières lueurs de l’aurore.

Quand Georges annonça aux parents qu’il allait s’en retourner, ils demeurèrent saisis tous deux, puis ils comprirent d’où venait cette volonté.

Le père demanda simplement :

— J’te r’verrons-ti bientôt ?

— Mais oui. Dans le courant de l’été.