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Le train arriva, très court, un vrai rapide, n’ayant que cinq wagons.

Le journaliste choisit sa place, puis redescendit pour causer encore quelques instants avec elle, saisi soudain d’une tristesse, d’un chagrin, d’un regret violent de la quitter, comme s’il allait la perdre pour toujours.

Un employé criait : « Marseille, Lyon, Paris, en voiture ! » Duroy monta, puis s’accouda à la portière pour lui dire encore quelques mots. La locomotive siffla et le convoi doucement se mit en marche.

Le jeune homme, penché hors du wagon, regardait la jeune femme immobile sur le quai et dont le regard le suivait. Et soudain, comme il allait la perdre de vue, il prit avec ses deux mains un baiser sur sa bouche pour le jeter vers elle.

Elle le lui renvoya d’un geste plus discret, hésitant, ébauché seulement.