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— C’est l’agonie, dit-il. Il sera mort demain matin. Prévenez cette pauvre jeune femme et envoyez chercher un prêtre. Moi, je n’ai plus rien à faire. Je me tiens cependant entièrement à votre disposition.

Duroy fit appeler Mme  Forestier :

— Il va mourir. Le docteur conseille d’envoyer chercher un prêtre. Que voulez-vous faire ?

Elle hésita longtemps, puis, d’une voix lente, ayant tout calculé :

— Oui, ça vaut mieux… sous bien des rapports… Je vais le préparer, lui dire que le curé désire le voir… Je ne sais quoi, enfin. Vous seriez bien gentil, vous, d’aller m’en chercher un, un curé, et de le choisir. Prenez-en un qui ne nous fasse pas trop de simagrées. Tâchez qu’il se contente de la confession, et nous tienne quittes du reste.

Le jeune homme ramena un vieil ecclésiastique complaisant qui se prêtait à la situation. Dès qu’il fut entré chez l’agonisant, Mme  Forestier sortit, et s’assit, avec Duroy, dans la pièce voisine.

— Ça l’a bouleversé, dit-elle. Quand j’ai parlé d’un prêtre, sa figure a pris une expression épouvantable comme… comme s’il avait senti… senti… un souffle…, vous savez… Il a