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plus difficiles à réaliser, en s’éveillant le lendemain. Mme  Forestier ne se laisserait point prendre à ses adresses, et il perdrait par sa couardise tout le bénéfice de son dévouement. Il se dit : « Bah ! c’est embêtant ; eh bien, tant pis, il y a des passes désagréables dans la vie ; et puis, ça ne sera peut-être pas long. »

Il faisait un temps bleu, de ce bleu du Midi qui vous emplit le cœur de joie ; et Duroy descendit jusqu’à la mer, trouvant qu’il serait assez tôt de voir Forestier dans la journée.

Quand il rentra pour déjeuner, le domestique lui dit :

— Monsieur a déjà demandé monsieur deux ou trois fois. Si monsieur veut monter chez monsieur.

Il monta. Forestier semblait dormir dans un fauteuil. Sa femme lisait, allongée sur le canapé.

Le malade releva la tête. Duroy demanda :

— Eh bien, comment vas-tu ? Tu m’as l’air gaillard ce matin.

L’autre murmura :

— Oui, ça va mieux, j’ai repris des forces. Déjeune bien vite avec Madeleine, parce que nous allons faire un tour en voiture.

La jeune femme, dès qu’elle fut seule avec Duroy, lui dit :