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perdre le fil de ses idées, de montrer le trouble de son âme ; et il était hanté par la crainte torturante de se mettre à trembler.

La voiture fut bientôt en pleine campagne. Il était neuf heures environ. C’était une de ces rudes matinées d’hiver où toute la nature est luisante, cassante et dure comme du cristal. Les arbres, vêtus de givre, semblent avoir sué de la glace ; la terre sonne sous les pas ; l’air sec porte au loin les moindres bruits : le ciel bleu paraît brillant à la façon des miroirs, et le soleil passe dans l’espace, éclatant et froid lui-même, jetant sur la création gelée des rayons qui n’échauffent rien.

Rival disait à Duroy :

— J’ai pris les pistolets chez Gastine Renette. Il les a chargés lui-même. La boîte est cachetée. On les tirera au sort, d’ailleurs, avec ceux de notre adversaire.

Duroy répondit machinalement :

— Je vous remercie.

Alors Rival lui fit des recommandations minutieuses, car il tenait à ce que son client ne commît aucune erreur. Il insistait sur chaque point plusieurs fois :

— Quand on demandera : « Êtes-vous prêts, messieurs ? » vous répondrez d’une voix forte : « Oui ! »

« Quand on commandera « Feu ! » vous élè-