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Duroy se retira, le cœur troublé et l’esprit plein de vagues combinaisons.

Il alla le lendemain faire une visite aux Forestier et il les trouva terminant leurs bagages. Charles, étendu sur un canapé, exagérait la fatigue de sa respiration et répétait :

— Il y a un mois que je devrais être parti.

Puis il fit à Duroy une série de recommandations pour le journal, bien que tout fût réglé et convenu avec M. Walter.

Quand Georges s’en alla, il serra énergiquement les mains de son camarade :

— Eh bien, mon vieux, à bientôt !

Mais, comme Mme  Forestier le reconduisait jusqu’à la porte, il lui dit vivement :

— Vous n’avez pas oublié notre pacte ? Nous sommes des amis et des alliés, n’est-ce pas ? Donc, si vous avez besoin de moi, en quoi que ce soit, n’hésitez point. Une dépêche ou une lettre et j’obéirai.

Elle murmura :

— Merci, je n’oublierai pas.

Et son œil aussi lui dit : « Merci », d’une façon plus profonde et plus douce.

Comme Duroy descendait l’escalier, il rencontra, montant à pas lents, M. de Vaudrec, qu’une fois déjà il avait vu chez elle. Le comte semblait triste — de ce départ, peut-être ?