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elle se précipitait d’un grand élan d’enfant ravie, à chacune des fuites, à chacune des ruses, à chacune des feintes de son compagnon.

Brusquement, comme elle s’imaginait l’atteindre, il la saisit dans ses bras, et, l’élevant jusqu’au plafond, il cria :

— Chat perché !

La fillette enchantée agitait ses jambes pour s’échapper et riait de tout son cœur.

Mme  de Marelle entra et, stupéfaite :

— Ah ! Laurine… Laurine qui joue… Vous êtes un ensorceleur, monsieur.

Il reposa par terre la gamine, baisa la main de la mère, et ils s’assirent, l’enfant entre eux. Ils voulurent causer ; mais Laurine, grisée, si muette d’ordinaire, parlait tout le temps, et il fallut l’envoyer à sa chambre.

Elle obéit sans répondre, mais avec des larmes dans les yeux.

Dès qu’ils furent seuls, Mme  de Marelle baissa la voix :

— Vous ne savez pas, j’ai un grand projet, et j’ai pensé à vous. Voilà : comme je dîne toutes les semaines chez les Forestier, je leur rends ça, de temps en temps, dans un restaurant. Moi, je n’aime pas à avoir du monde chez moi, je ne suis pas organisée pour ça, et, d’ailleurs, je n’entends rien aux choses de la