le jeune paysan et le réservait à ses plaisirs. Après beaucoup de services rendus par lui, elle lui avait fait don d’une petite ferme pour reconnaître sa bonne volonté. Mais le gars ainsi doté s’était aussitôt marié, délaissant la vieille qui, exaspérée, réclamait son bien : le garçon ou la ferme, au choix.
Le juge très perplexe venait d’écouter la plainte de la dame. Personne ne riait dans l’auditoire. La cause était grave et méritait réflexion.
Le gars à son tour, se leva pour répondre.
Le juge l’interrogea.
— « Qu’avez-vous à dire ?
— A m’l’a donnée, c’te ferme.
— Pourquoi vous l’a-t-elle donnée ? Qu’avez-vous fait pour la mériter ?
Alors le gars, indigné, devint rouge jusqu’aux oreilles. — C’que j’ai fait, mon bon m’sieu l’juge de paix ? mais v’là quinze ans qu’a m’sert de traînée, c’te poison, a n’peut pas dire que ça valait pas ça ! »