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N’ai-je pas entendu un homme connu et respecté dire, au milieu d’un cercle d’auditeurs : « Non, certainement, je ne crois pas ; la foi n’est plus faite pour les hommes ; mais je pratique par devoir… quand ce ne serait que pour notre monde. » Et il ne songeait guère, en vérité, à l’abîme d’hypocrisie que contenait cet aveu.

Et tous ces gens veulent, à leur image, une littérature hypocrite.

Oui, ces romans parfumés, ces mariages d’amour sans discussions de dot, ces dévouements sans récompenses, ces services tout désintéressés, cela n’est, en réalité, que de l’hypocrisie commandée à l’écrivain par le public. Tout le monde le sait : les lecteurs ne l’ignorent point ;