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de toute cette Bretagne bretonnante qui va du Morbihan à la pointe du Raz.

A l'entrée, un vieux château, flanqué de tours, mouille le pied de ses murs dans un étang triste, avec des vols d'oiseaux sauvages. Une rivière sort de là, que les caboteurs peuvent remonter jusqu'à la ville. Et dans les rues étroites, aux maisons séculaires, les hommes portent le chapeau aux bords immenses, le gilet brodé magnifiquement, et les quatre vestes superposées : la première, grande comme la main, couvrant au plus les omoplates, et la dernière s'arrêtant juste au-dessus du fond de culotte.

Les filles, grandes, belles, fraîches, ont la poitrine écrasée dans un gilet de drap qui forme cuirasse, les étreint, ne laissant même pas deviner leur gorge puissante et martyrisée. Et elles sont coiffée d'une étrange façon. Sur les tempes, deux plaques brodées en couleur encadrent le visage, serrent les cheveux qui tombent en nappe, puis remontent se tasser au sommet du crâne sous un singulier bonnet, tissu souvent d'or et d'argent.

Et la route sort de nouveau de cette petite cité du moyen âge oubliée là. Elle s'avance