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même contre les soupçons chuchotés ; et l'hostilité grandie entre eux, bien que vive déjà, n'avait point éclaté.

Le jeune Napoléon descendit de cheval dans la cour de la maison habitée par Paoli, et confiant sa monture à Santo-Riccio, il voulut tout de suite se rendre auprès du général. Mais, comme il gravissait l'escalier, une personne qu'il aborda lui apprit qu'en ce moment même avait lieu une sorte de conseil formé des principaux chefs corses, tous ennemis des idées républicaines. Lui, inquiet, cherchait à savoir, quand un des conspirateurs sortit de la réunion.

Alors, marchant à sa rencontre, Bonaparte lui demanda : "Eh bien ?" L'autre, le croyant un allié, répondit : "C'est fait ! Nous allons proclamer l'indépendance et nous séparer de la France, avec le secours de l'Angleterre."

Indigné, Napoléon s'emporta et, frappant du pied, il cria : "C'est une trahison, c'est une infamie !" quand des hommes parurent, attires par le bruit. C'étaient justement des parents éloignés de la famille Bonaparte. Eux, comprenant le danger où se jetait le jeune officier, car Paoli était un homme à s'en débarrasser à tout jamais et sur-le-champ,