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où passait une flamme, des gestes lents, une voix douce et bien timbrée, causait assis sur un canapé. J'appris son nom quand on nous présenta l'un à l'autre et je me rappelle qu'il resta encore quelque temps parlant avec facilité des choses mondaines, possédant Paris comme nous, admirant violemment Balzac et connaissant parfaitement Zola, dont l'Assommoir faisait un bruit retentissant.

J'ai revu, plusieurs fois depuis, l'orateur préféré des belles dames élégantes, et toujours je l'ai trouvé fort aimable, homme d'esprit largement ouvert et de manières simples, malgré ses succès d'éloquence.

Je songeais à notre dernière entrevue à Paris, le lendemain d'une de ses conférences les plus remarquées, quand un bruit de pas me fit tourner la tête. Le P. Didon était debout dans l'embrasure de la porte.

Il ne me parut point changé ; un peu engraissé peut-être par la vie tranquille du cloître ; il a toujours cet oeil lumineux d'apôtre et de "convertisseur" qui sert à l'orateur presque autant que le geste, et le même sourire calme plisse un peu la joue autour de sa bouche qui s'ouvre largement à chaque parole. Il attendait ma visite, annoncée par son