Page:Maupassant - Adieu mystères, paru dans Le Gaulois, 8 novembre 1881.djvu/7

Cette page a été validée par deux contributeurs.

zarres nous semblent enfantines et vieilles, si vieilles, si usées, si répétées ! J’en lis chaque jour, de ces livres d’exaltés frénétiques, de bardes obstinés, de refaiseurs de mystérieux. C’est fini, fini. Les choses ne parlent plus, ne chantent plus, elles ont des lois ! La source murmure simplement la quantité d’eau qu’elle débite !

Adieu, mystères, vieux mystères du vieux temps, vieilles croyances de nos pères, vieilles légendes enfantines, vieux décors du vieux monde !

Nous passons tranquilles maintenant, avec un sourire d’orgueil, devant l’antique foudre des dieux, la foudre de Jupiter et de Jéhova emprisonnée en des bouteilles !

Oui ! vive la science, vive le génie humain ! gloire au travail de cette petite bête pensante qui lève un à un les voiles de la création !

Le grand ciel étoilé ne nous étonne plus. Nous savons les phases de la vie des astres, les figures de leurs mouvements, le temps qu’ils mettent à nous jeter leur lumière.