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ŒUVRES POSTHUMES.

Cette femme risque tout. Et c’est justement parce qu’elle le sait, parce qu’elle donne tout, son cœur, son corps, son âme, son honneur, sa vie, parce qu’elle a prévu toutes les misères, tous les dangers, toutes les catastrophes, parce qu’elle ose un acte hardi, un acte intrépide, parce qu’elle est préparée, décidée à tout braver, son mari qui peut la tuer et le monde qui peut la rejeter, c’est pour cela qu’elle est respectable dans son infidélité conjugale, c’est pour cela que son amant en la prenant doit avoir aussi tout prévu, et la préférer à tout quoi qu’il arrive. Je n’ai plus rien à dire. J’ai parlé, d’abord en homme sage qui devait vous prévenir, il ne reste plus en moi qu’un homme, celui qui vous aime. Ordonnez.

Radieuse, elle lui ferma la bouche avec ses lèvres, et lui dit tout bas :

— Ce n’était pas vrai, chéri, il n’y a rien, mon mari ne se doute de rien. Mais je voulais voir, je voulais savoir ce que tu ferais, je voulais des… des étrennes… celles de ton cœur… d’autres étrennes que le collier de tantôt. Tu me les as données. Merci…, merci… Dieu que je suis contente !


Étrennes a paru dans le Gil-Blas du vendredi 7 janvier 1887.