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ŒUVRES POSTHUMES.

chercher leur part. Et celui qui avait tué, dépeçant le mort, le distribua.

Et ils s’espacèrent de nouveau, ces alliés irréconciliables, pour jusqu’au prochain meurtre qui les rapprocherait.

Pendant deux jours ils vécurent de cette chair humaine partagée. Puis, la famine étant revenue, celui qui avait tué le premier tua de nouveau. Et de nouveau, comme un boucher, il coupa le cadavre et l’offrit à ses compagnons, en ne conservant que sa portion.

Et ainsi continua cette retraite d’anthropophages.

Le dernier Français, Pobéguin, fut massacré au bord d’un puits, la veille du jour où les secours arrivèrent.

Comprenez-vous maintenant ce que j’entends par « l’Horrible » ?

Voilà ce que nous raconta, l’autre soir, le général de G…


L’Horrible a paru dans le Gaulois du dimanche 18 mai 1884..