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PREMIÈRE NEIGE.

Elle trouve une lettre de son mari. Elle l’ouvre en souriant toujours, et elle lit :

« Ma chère Amie,

« J’espère que tu vas bien et que tu ne regrettes pas trop notre beau pays. Nous avons depuis quelques jours une bonne gelée qui annonce la neige. Moi, j’adore ce temps-là et tu comprends que je me garde bien d’allumer ton maudit calorifère… »


Elle cesse de lire, tout heureuse à cette idée qu’elle l’a eu, son calorifère. Sa main droite, qui tient la lettre, retombe lentement sur ses genoux, tandis qu’elle porte à sa bouche sa main gauche comme pour calmer la toux opiniâtre qui lui déchire la poitrine.


Première Neige a paru dans le Gaulois du mardi 11 décembre 1883.