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que tout ce qui existe, des sentiments humains qui demandaient à devenir plus nobles ?

Il faut aimer tous ceux qui ont su purifier quelque chose : et celui-ci vraiment purifia notre rire. N’est-ce rien que d’avoir su retourner ainsi le comique inhumain, et d’en avoir pu faire je ne sais quelle joie tendre et presque affligée qu’on pourrait appeler « le comique angélique » ? Qu’avions-nous pour traduire le sourire grave de notre âme au milieu de ses larmes, et le rire de nos plaisanteries habituelles se rapporte-t-il à notre âme et s’allie-t-il à rien de ce que l’âme adore ? Mais voici qu’un enfant, de ces mille petites choses qui niaient jusqu’ici, nous a fait un poème qui vient nous affirmer aussi divinement que les plus grands poèmes la profondeur et la beauté de tout ce qui existe. Est-ce tout à fait sans raison que nous sommes quelques-uns à admirer celui qui fit tomber pour la première fois sur des terres maudites la plus pure rosée du sourire de Dieu ?