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» Tu laisserais vers nous, pour guider nos soldats,
» Du valeureux Bouillon descendre la grande ombre ;
» Et de nos ennemis sans regarder le nombre,
» Comme aux champs de l’Asie, il verrait aujourd’hui
» Leurs bataillons vaincus fuir soudain devant lui. »

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Salut, sainte contrée en miracles féconde !
Salut, terre où naquit le Rédempteur du monde,
Terre où subsiste encor le sentier ignoré
Que jadis il foula sous son pied adoré !
Je t’ai donc contemplée !!! ah ! dès ma tendre enfance,
Mon âme se berçait de la douce espérance
De visiter un jour les plaines d’orient.
Ange consolateur, au regard souriant,
Qui dirigeas mon vol au-dessus des nuages,
Qui de mon front craintif éloignant les orages,
Dans les champs de l’éther m’emportas avec toi,
Jamais je n’oublîrai- tes doux bienfaits pour moi !
Un jour, à tes côtés, dans le séjour des anges,
Si je puis célébrer les divines louanges,
Tu sentiras l’ardeur d’un cœur reconnaissant !

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Me détournant alors du tableau ravissant
Que venait de m’offrir la vénérable terre
Où le Christ accomplit son douloureux mystère,
Je reportai les yeux vers mon pays soudain,
Puis j’adressai ces mots à mon guide divin :
« Ô bel ange, apprends-moi si ma Belgique aimée,
» Par le feu de la foudre est aussi consumée ;
» Si la Religion, qui faisait son bonheur,
» De nos tristes climats s’enfuit avec horreur ?
» — Vois, me répondit-il, apparaître dans l’ombre.
« Là-bas, à l’occident, des lumières sans nombre. »

L’astre aux rayons d’argent, se balançant dans l’air,
De ses pâles reflets blanchissait le désert ;
À mes yeux se déroule un spectacle sublime :