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On l’emporte baigné des larmes de la foule ;
Chacun pour le sauver voudrait donner son sang.
Inutiles regrets ! sacrifice impuissant !
L’art éploré prononce un arrêt lamentable ;
Le saint prélat expire… Ô spectacle admirable !
Pendant trois jours entiers le peuple vient, en deuil,
Exhaler ses sanglots autour de son cercueil.
Saint martyr de la foi, sur son pâle visage,
Du bonheur des élus se reflète l’image,
France, ne pleure pas ce héros généreux ;
En succombant pour toi, France, il est mort heureux
Ah ! faut-il s’étonner, pour arrêter le crime,
S’il a fait de ses jours l’offrande magnanime,
Au devant du danger si tu le vis courir ?…
Le Croyant sait aimer, il sait aussi mourir !


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Le prince des Croyants, poursuivi par l’envie,
Daigna, pour nous sauver, donner aussi sa vie.
Ah ! s’il l’avait voulu, le tonnerre, soudain,
Aurait frappé celui qui, sur son front divin,
Posa, pour l’insulter, une infâme couronne.
Que fait alors le Christ ? Ce qu’il fait ! il pardonne !
Aux yeux de ses amis, de sa mère aux abois,
Pour sauver des ingrats il meurt sur une croix ;
Il meurt, et cependant sa doctrine si belle
En ce monde pervers vit encore ; c’est elle
Oui console le Juste en l’exil d’ici-bas,
Et qui lui fait sans crainte affronter le trépas.


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Ici je vous atteste, éphémère jeunesse ;
Pour alléger le poids de ma sombre tristesse,
N’était-ce pas la foi qui, dans les mauvais jours,
Venait me prodiguer son bienfaisant secours ?
Douce brise du soir, étoiles radieuses,
Qui dans l’azur des cieux marchez silencieuses,
Je vous atteste aussi ; quand le jour pâlissait,
Beaux astres, c’est vers vous que mon cœur s’élevait !