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C’est durant cette période de 1857 à 1865 et plus, que Brazeau joua les ingénues.

Imberbe, tout jeune et joli garçon, avant que la petite vérole ne le défigurât, cet artiste obtenait alors un succès égal à celui qui couronna sa carrière dans les rôles comiques et le public ignora longtemps que la demoiselle qui faisait battre les cœurs n’était qu’un monsieur.

Un incident des plus cocasses mit le sceau à sa réputation.

Certain riche étranger s’amouracha de la « charmante actrice », envoya des fleurs, des cadeaux, des billets doux, fit tant et si bien pour obtenir une entrevue, qu’à la fin on fut forcé de se rendre à ses désirs… et de le désillusionner. Ce dont Brazeau se chargea, un soir, au cours d’un petit souper arrosé de grands vins, que son galant lui paya dans une hôtellerie fashionable où toute la troupe était d’ailleurs rendue.

Le pauvre amoureux quitta immédiatement Montréal pour ne plus entendre l’immense éclat de rire que provoqua cette aventure peu banale.