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Cette légende n’a pas encore trouvé de poète ou de romancier pour l’embellir ou l’immortaliser et on ignorera le sort de l’Hélène canadienne qui plongea deux peuples dans d’innombrables malheurs, tant que quelque Homère ne nous aura pas raconté tous les détails de ce dramatique événement. »[1]

On dirait que c’est à ce problème ardu et passionnant que notre grand poète national, Louis Fréchette, faisait allusion, lorsqu’il écrivait, au début de sa Légende d’un Peuple, ces vers où il exprime le regret de ne pouvoir déchirer le voile qui couvre tout un passé :

Qui pourrait raconter ces âges sans annales ?
Quel œil déchiffrera ces pages virginales.
Où Dieu seul a posé son doigt mystérieux ?
Tout ce passé qui gît sinistre ou glorieux,
Tout ce passé qui dort heureux ou misérable,
Dans les bas-fonds perdus de l’ombre impénétrable,
Quel est-il ? À ce sphinx sans couleur et sans nom,
Plus muet que tous ceux des sables de Memnom,
Et qui, de notre histoire encombrant le portique,
Entr’ouvre dans la nuit son œil énigmatique,
À tant de siècles morts, l’un par l’autre effacé,

  1. Suivant M. S. E. Dawson, dont nous résumons librement, ici, une page de son œuvre.